Le cerveau: nous ne pouvons vivre avec, nous ne pouvons vivre sans. Nous ne serions rien sans cette merveille de l’évolution à l’intérieur de nos crânes, mais parfois notre cerveau n’agit pas forcément dans notre intérêt. C’est dans ces moments que nous devons nous rappeler que les messages en provenance de notre “centre de contrôle” ne sont pas nécessairement justes ou bénéfiques. Voici 10 exemples de cas où notre cerveau a tendance à nous leurrer, avec des suggestions sur ce qu’il faut faire dans ces cas-là.

Vous dire que vous avez plus de contrôle que vous n’en avez réellement

Nos cerveaux ont la mauvaise habitude de nous tromper en nous laissant penser que si nous avons eu une certain réussite (par exemple dans le cadre d’un régime alimentaire), alors il est évident que nous continueront à réussir. Les psychologues appellent cette faiblesse du cerveau le “préjugé de de retenue”, et elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle tend à nous toucher lorsque nous nous sentons au top. Combien de régimes efficaces finissent par se transformer en échec cuisant, avec au final plus de poids gagné que perdu ?

Que faire: Si vous réussissez dans ce que vous entreprenez, profiter du succès, mais restez toujours sur vos gardes et méfiez-vous des retours en arrière.

Vous submerger de pensées “automatiques”

Nos cerveaux sont perpétuellement en train de produire ce que certains chercheurs en sciences cognitives ont surnommé “pensées automatiques”. Et comme chaque pensée est un événement physique (un signal électrique qui circule dans votre cerveau), elles ont des conséquences physiques: vous êtes momentanément captivé par chaque pensée, même triviale. Il faut beaucoup de discipline pour parvenir à bloquer ce chaos à l’intérieur de votre tête et se concentrer sur ce qui est important.

Que faire: Souvenez-vous d’une chose, les pensées “automatiques” sont, justement, automatiques. N’essayez pas de les bloquer mais plutôt de vous concentrer sur ce qui est mérite votre attention.

Vous faire ressasser et ruminer vos pires craintes

Ruminer, ou faire errer son esprit, n’est pas nécessairement une mauvaise chose, mais nos cerveaux ont l’habitude de nous plonger la tête dans l’eau, puis de nous y noyer. Remarquez, il ne faut pas longtemps pour se retrouver en mode “panique” dans une situation professionnelle (un entretien d’embauche), financière ou sentimentale.

Que faire: Lorsque vous vous retrouvez à ruminer les pires scénarios dans votre tête, demandez-vous si vous le faites afin d’élaborer une solution constructive. Si la réponse est non, alors détournez votre attention des ces idées et concentrez-vous sur d’autres choses pour vous sortir de là.

Vous orienter vers des distractions pour relâcher la pression

Nous sommes tous sous pression pour une multitude de choses, et parfois nous avons besoin d’une diversion pour garder la tête froide. Mais notre cerveau, si nous le laissons faire, nous incitera à enchaîner les distractions, l’une après l’autre, pour ne jamais avoir à subir la pression. C’est ce la manière dont ont évolué nos cerveaux: éviter les menaces. Et quoi de mieux que de trouver des distractions pour éviter la menace de la pression ?

Que faire: ne vous interdisez pas toute distraction, parfois nous en avons besoin. Mais si vous vous rendez compte que vous êtes souvent distraits, tâchez de vous rappeler à l’ordre avant de perdre vos objectifs de vue.

Vous faire croire que vous savez lire dans les pensées, et que vous pouvez prédire l’avenir

Nos cerveaux sont sujets à nombre d’erreurs, et deux d’entre elles causent souvent beaucoup de tort au niveau social / relationnel. Premièrement, nous avons souvent tendance à penser que nous pouvons, en quelque sorte, savoir ce que quelqu’un d’autre pense, même si nous avons peu ou rien sur quoi nous baser. Et deuxièmement, nous croyons pouvoir prévoir avec une certaine assurance ce que quelqu’un va faire (comment cette personne va réagir, ce qu’elle va dire). En vérité, ce n’est pas possible, du moins pas avec assez de précision.

Que faire: Lorsque vous vous retrouvez à interpréter les pensées d’autrui et à faire des prédictions sur leurs prochains agissements, demandez-vous quelles sont les preuves dont vous disposez et sur lesquelles vous pouvez vous baser. Si elle sont minces, il est généralement plus sage de s’abstenir. Vous risqueriez probablement de faire plus de mal que de bien si vous continuez.

Envoyer des messages contradictoires ou confus à propos des buts ou récompenses à poursuivre

Nos cerveaux sont des organes qui recherchent la récompense, et rechercher des récompenses (matérielles et immatérielles) fait partie de leur fonctionnement intrinsèque. Le problème, c’est que le cerveau ne dispose pas d’un sens aigu de la sélection, en particulier à propos de ce qui concerne la meilleure récompense à poursuivre à un moment donné. Il en résulte un conflit mental sur la façon de diriger nos actes et bien utiliser notre énergie.

Que faire: Soyez conscient que votre cerveau est à la recherche de récompenses, mais vous devez imposer un certain contrôle sur le quoi, le pourquoi et quand de toute poursuite. En d’autres termes, désactivez le pilote automatique et prenez les commandes.

Rechercher des ressemblances, ici, là et partout

Nos cerveaux sont exceptionnellement bons pour trouver des ressemblances, et c’est une bonne chose car parfois avoir un modèle de référence (comme repérer les signes révélateurs d’un chat mangeur d’hommes dans la région) est indispensable à la survie. Le problème est que notre cerveau garde ce moteur de détection de motifs activé en permanence, ce qui nous tends à nous faire donner une importance démesurée à des signes dépourvus de sens (coïncidences, etc).

Que faire: il suffit de savoir que votre cerveau est toujours en quête de similarités, et de se forcer à faire la différence entre ce qui est réellement significatif et ce qui n’a en réalité aucun sens.

Vous pousser à faire confiance, que ce soit réciproque ou non

Nos cerveaux ont évolué pour être en phase avec d’autres cerveaux. Nous sommes, après tout, une espèce dépendante socialement. Malheureusement, le penchant du cerveau à faire confiance aux autres n’est pas toujours une bonne chose, car certaines personnes, elles, ne vous feront pas confiance, même si elles voudront vous faire croire le contraire. Notre cerveau veut vraiment les croire, et cela peut nous causer du tort.

Que faire: Vous pouvez faire confiance, mais toujours après vérification. Tout le monde n’est pas celui ou celle qu’il prétend, et parfois vous devez refouler la confiance naturelle qu’offre votre cerveau votre afin d’éviter de vous retrouver en situation difficile.

Faire passer pour urgentes des choses qui ne le sont pas

“Cela doit être fait immédiatement !” Vraiment? Si vous faites attention, presque chaque fois que quelqu’un au travail, notamment votre patron, vous apporte quelque chose de nouveau à faire, cela est une urgence. Mais en-est-ce vraiment une ? La plupart des responsabilités ne sont pas urgentes, même si elles peuvent être importantes. Nos cerveaux éprouvent énormément de difficultés à faire la différence entre les choses urgentes et celles importantes.

Que faire: il suffit de se poser la question: est-ce vraiment urgent? Demandez et vous vous rendrez souvent compte que ce n’est pas si urgent que ça.

Vous faire culpabiliser chaque fois que quelque chose va mal

Les choses vont mal, ça arrive, c’est comme ça. Mais pour une raison quelconque notre cerveau veut rendre quelqu’un coupable pour tout ce qui va de travers. La plupart du temps, c’est vous, enfin du moins si vous écoutez votre cerveau. Cette faiblesse particulière du cerveau est liée à notre “réflexe d’assignation”: nous devons trouver une cause pour chaque effet. Et si vous êtes un tant soi peu impliqué dans ce qui ne va pas - quelque soit le niveau d’implication, votre cerveau vous désignera naturellement comme coupable.

Que faire: Rappelez-vous, parfois les choses se produisent sans qu’il y ai nécessairement une cause évidente (ou que ce soit la faute de quelqu’un), et à moins que vous ne soyez vraiment responsable, soyez indulgents avec vous-même.

Par David Disalvo, auteur du livre “Le cerveau dans votre cuisine: une collection d’essais sur comment ce que nous achetons, mangeons, et expérimentons affecte notre cerveau. Illustration par Salvatore Vuono