Ah, faire la conversation. Pour certains, c’est tout naturel, mais pour d’autres, c’est un enfer. Mondanités, futilités, bla-bla… Quel intérêt ? Pourtant, on se retrouve plus souvent qu’on ne le pense dans une situation où, pour une raison ou une autre, on doit faire la conversation.
Comment ne pas être à court de sujets de conversation ? Quels sujets de discussion aborder ? Comment simplement engager une conversation ?
Les êtres humains sont des êtres sociaux. Depuis les premiers hommes, on s’est toujours organisés en tribus. Puis en villages, en villes, et maintenant nous formons un ensemble encore plus grand et plus connecté grâce à internet et les réseaux sociaux. Tout cela pour dire que, quoi qu’on en pense, la conversation est un élément naturel et prépondérant de notre existence.
D’abord, je souhaite m’adresser à ceux qui ont le réflexe de dire “je ne parle que pour dire des choses importantes ou intéressantes. Le bla-bla, parler de la météo est des news people, ça ne m’intéresse pas”. C’est tout à votre honneur, seulement, c’est un peu comme si vous vouliez courir un marathon sans vous échauffer. On ne démarre jamais une conversation par “Je pense que nous devrions réfléchir à une solution pour résoudre le problème de la faim dans le monde” ou bien “Que penses-tu de l’univers ?“.
Établir des liens sociaux par le biais de la conversation est plus qu’intéressant, c’est vital pour évoluer dans notre monde. À moins que votre but dans la vie ne soit de vivre dans une grotte isolée ou au fin fond de la forêt en ermite, vous aurez besoin de développer votre capacité à faire la conversation. De plus, une conversation inopinée avec un(e) inconnu(e) peut vous amener des opportunités inimaginables.
Faire la conversation passe obligatoirement par ce que beaucoup considèrent comme des “futilités”, comme je le disais plus haut. Mais c’est mal nécessaires pour nouer un lien avec une personne et avancer plus loin dans la discussions, et parler de choses plus sérieuses.
A présent que vous savez qu’il est important de se connecter aux gens à travers la conversation, voyons en pratique comment devenir un pro de la conversation.
Débarrassez-vous de vos attentes
C’est un sujet d’intense anxiété, même pour ceux qui sont convaincus que faire la conversation est nécessaire. Et plus vous êtes anxieux, plus c’est dur de faire la conversation avec qui que ce soit. Qu’on soit introverti ou même extraverti, aller discuter avec des inconnus (et parfois même des connaissances) apporte son lot d’inquiétudes. Je vais vous expliquer pourquoi c’est le cas et comment y remédier.
Le principal facteur qui génère de l’anxiété à l’idée de démarrer une conversation, c’est que l’on a trop d’attentes. On est trop dans l’expectative. Et qui dit expectative, dit possibilité de déception. Vais-je me faire rembarrer ? Ne vais-je pas déranger la personne ? Et si je dis une bêtise ? Est-ce le bon moment ? Que fais-je si la personne est de mauvaise humeur ? Après les introductions, de quoi devrais-je parler ?
C’est tout autant de questions qui surgissent dans notre esprit quelques secondes avant d’approcher quelqu’un pour lui parler. Trop d’attentes, trop de préjugés et trop de questionnement. Pourtant, lorsque vous allez parler à une connaissance de longue date, vous posez-vous toutes ces questions ? Bien sûr que non. Alors quel est l’intérêt de le faire avec une personne inconnue ?
Quand on y réfléchit bien, aucun.
C’est notre attente, notre propre tendance à vouloir prédire le résultat de l’inconnu qui nous met dans cet état d’anxiété. Cette anxiété nous empêche de faire deux choses: profiter du moment, et faire preuve de créativité et trouver des sujets de conversation intéressants et des solutions.
Soyez ouvert, en n’ayant aucun à priori et en ne cherchant pas à diriger la conversation dans un sens ou vers un sujet précis. À cet égard, tenir une conversation est véritablement comme une séance d’improvisation au théâtre. Vous avez peut-être un fil directeur, mais vous devez rester complètement ouvert à tout ce qui survient.
Apprenez à écouter vraiment
Quand on démarre une conversation, soyons honnêtes: la grande majorité du temps, ce n’est pas une vraie interaction faite d’allers-retours, c’est plus souvent: “je dis ce que j’ai à dire, et pendant que l’autre personne parle, je réfléchis à ce que je vais dire ensuite.”
Cela vous parait familier ? Soyez dur mais honnête envers vous-même. Moi-même, j’ai tendance à le faire, mais j’essaye de corriger ce défaut.
Ladane Azernour Bonnefoy, a rédigé un article complet sur l’écoute active (il fournit même des exemples en fin d’article). Il explique notamment:
La personne qui pratique l’écoute active doit s’adapter à son interlocuteur. L’objectif est d’obtenir une interaction parfaite entre la personne qui émet des informations et la personne qui les reçoit, sans jugement, sans préjugé et avec une prise de recul suffisante pour permettre à chacun de comprendre et d’agir en limitant les freins à la communication.
Lors d’une conversation, trop peu de fois nous écoutons réellement, c’est-à-dire activement, notre interlocuteur. C’est là que le bât blesse: nous sommes trop centrés sur nous-même et ne faisons pas réellement attention à ce que l’autre personne en face nous dit.
Pourtant, en prêtant plus attention au discours de notre interlocuteur, nous comprenons mieux ce qu’il essaye de nous dire, nous établissons une connexion plus forte avec, et cela rend la conversation plus naturelle et plus agréable. En écoutant ce qu’il ou elle a à dire, on n’a plus à se dire “qu’est ce que je vais bien pouvoir dire ensuite”. On cogite et rebondit sur les paroles qu’on vient d’entendre. On développe sur un sujet. N’ayez pas peur des silences. Ne cherchez pas à les combler. Vivez-les, accueillez-les. Le silence est un élément naturel qui fait entièrement partie d’une conversation.
Soyez vraiment intéressé par votre interlocuteur
Autre défaut très présent, c’est que nous centrons notre attention sur nous-même. Qu’est ce que mon interlocuteur va penser de moi ? Qu’est ce que je vais pouvoir lui dire ? Comment je vais me rendre intéressant ?
Pourquoi se focaliser autant sur nous ? Non, la partie intéressante est justement celle de notre interlocuteur.
Michael Ferrari explique dans un article de son blog:
Pour créer un lien et discuter avec les autres, la première chose est d’être intéressé par l’autre de manière sincère […] Soyez vraiment intéressé pour rencontrer et discuter avec les autres […] Ce qui intéresse le plus les gens c’est eux-mêmes (dans des proportions variables). Il y a des gens qui ne demandent qu’à parler d’eux-mêmes et une seule question suffit pour démarrer une longue conversation. Généralement, c’est un peu plus difficile mais montrer un véritable intérêt reste la base pour démarrer et maintenir une conversation.
Développez votre curiosité à son égard. Soyez réellement absorbé par ses propos et ayez le désir d’en savoir plus à son sujet. Portez votre attention sur lui (ou elle). Dites-vous que vous n’êtes pas sous le feux des projecteurs; ne soyez pas focalisé sur votre propre personne.
C’est ainsi que vous verrez la flamme s’illuminer dans les yeux de votre interlocuteur, que vous le verrez prendre plaisir à parler avec vous. Vous y parviendrez non pas en essayant de vous rendre intéressant, mais en vous intéressant à ce qu’il dit, à sa personne. Et par la même occasion, vous découvrirez des choses et établirez une véritable connexion, plutôt que de vivre une sorte de partie de ping-pong désagréable où chacun se renvoie la balle sans trop savoir dans quel but.
Conclusion
Au final, tenir une vraie conversation intéressante ne relève pas de la durée où de la manière dont vous parvenez à “briller”, éviter les silences et parler le plus possible, mais justement de la profondeur de la connexion que vous parvenez à établir. Et celle-ci ne s’atteint qu’en étant totalement ouvert, en n’ayant aucune attente, tout en étant réellement intéressé et curieux d’en savoir plus sur l’autre.