Hériter d’actions peut être compliqué, surtout quand il s’agit de décider quel prix utiliser pour gérer votre portefeuille. Souvent, lors du transfert, votre banquier/courtier utilisera comme prix de référence le prix original d’achat. Ça peut paraitre anodin, mais en réalité cela introduit systématiquement des biais cognitifs dans les décisions d’investissement, surtout si les actions ont perdu de la valeur depuis leur achat initial.

Choisir un prix de référence

Quand vous héritez d’actions, le prix à utiliser comme référence, dans la majorité des cas, est celui du jour où vous les avez reçues dans votre compte. C’est plus logique, car cela reflète votre point d’entrée réel dans ces positions. Cela vous donne aussi une meilleure idée de la performance de votre portefeuille depuis que vous en avez pris le contrôle.1 Si vous utilisez plutôt le prix original d’achat, c’est un peu comme si vous partiez en voyage avec le réservoir déjà à moitié plein, mais que vous calculiez votre consommation de carburant depuis le plein initial, alors que vous n’avez jamais eu à payer ce premier plein. En d’autres termes, vous vous basez sur une « ligne de départ » qui ne correspond pas à votre situation réelle.

Cette approche correspond au concept de “base ajustée” utilisé dans de nombreux pays pour les impôts, notamment en France. En gros, la valeur au moment de l’héritage devient la nouvelle base de calcul pour les gains futurs.2 Utiliser ce prix de référence vous permet de prendre des décisions plus éclairées : garder, vendre ou acheter plus. Cela vous aide à vous concentrer sur votre stratégie actuelle et vos objectifs financiers, plutôt que de vous laisser influencer par des performances passées qui ne vous concernent pas.3

Les biais cognitifs dans l’investissement

Le monde de l’investissement n’est pas un monde de mathématiques, mais un monde de psychologie. Et s’il y a bien un élément omniprésent dans la psychologie humaine, ce sont les biais cognitifs. Les biais cognitifs peuvent (et vont probablement) influencer vos décisions. C’est le cas avec des actions héritées. Les comprendre, c’est déjà un premier pas pour ne pas y succomber. Voici les biais les plus pertinents :

  • L’ancrage : Se focaliser sur la première info que vous avez, par exemple comme le prix d’achat initial des actions.24
  • L’effet de propriété : Surestimer une action juste parce que vous la possédez, ce qui peut vous pousser à la garder trop longtemps.5
  • L’aversion à la perte : La peur de perdre est plus forte que l’envie de gagner. Cela peut vous empêcher de vendre une action en perte.6
  • Le statu quo : La tendance à ne rien changer, même si le marché évolue.3
  • Le biais de confirmation : Chercher des infos qui confirment ce que vous croyez déjà, en ignorant les signaux contraires.7

Reconnaître ces biais ne garanti pas que vous y échapperez, mais ça vous donne une petite longueur d’avance pour prendre des décisions plus objectives et alignées sur vos objectifs actuels.

Quelles stratégies pour surmonter les biais cognitifs

Pour éviter les pièges des biais cognitifs, voici quelques astuces :

  • Concentrez-vous sur la valeur actuelle et future, pas sur le prix d’achat initial.
  • Évaluez chaque position comme si vous l’achetiez aujourd’hui.
  • Fixez des règles claires, comme un seuil de perte maximum acceptable.

Ce sont des stratégies simples, mais elle peuvent vous aider à prendre des décisions plus rationnelles, et donc potentiellement plus rentables.36

En bref : évitez le piège du coût irrécupérable

Garder une action qui a perdu de la valeur juste parce qu’elle coûtait cher à l’achat, c’est rarement une bonne idée. C’est souvent lié au biais d’ancrage, et vous êtes prévenu : les biais vous poussent à faire des choix irrationnels.8 En vous focalisant sur le prix initial, vous risquez de passer à côté de changements importants dans l’entreprise ou le marché.

Concentrez-vous sur la valeur actuelle et les perspectives futures de l’action, pas sur son coût historique.9 Cela vous permettra de décider objectivement si la garder correspond à vos objectifs et à votre tolérance au risque. Et n’oubliez pas : garder des actions sous-performantes, c’est aussi rater d’autres opportunités d’investissement.9 En investissement, il faut savoir s’adapter et regarder vers l’avant, pas vers le passé.

Footnotes

  1. L’Autorité des marchés financiers - Relevé de compte de placement

  2. FasterCapital - Gestion de portefeuille avec la méthode du coût moyen 2

  3. FasterCapital - Évaluation précise du portefeuille avec la méthode de base du coût moyen 2 3

  4. eToro - Stratégie d’investissement Buy and Hold

  5. Cairn.info - Marchés financiers

  6. Placements Mondiaux Sun Life - Avantages de la gestion active 2

  7. Dumas - Mémoire sur les biais cognitifs

  8. NepJOL - Le piège du coût irrécupérable

  9. Investopedia - Quand vendre ses actions 2