Félicitation, vous venez d’obtenir un rendez-vous pour un entretien d’embauche. A la clé, cet emploi que vous voulez vraiment obtenir. Sachez ceci: vous n’aurez 99% du temps qu’une seule et unique chance de faire bonne impression. Étant donné le nombre important de conseils souvent contradictoires que vous pouvez trouver un peu partout (ou qu’on vous donne), il est tout à fait normal que les chercheurs d’emploi se sentent perdus quand il s’agit de bien préparer un entretien.
Ce que disent les experts
Un des conseils qui revient très souvent est de “mener” l’entretien. John Lees, un expert en stratégie de carrière et auteur sur le sujet, prévient que ce conseil est trompeur.
En réalité, quoi que vous pensiez, c’est le recruteur qui mène l’entretien, pas vous. Votre rôle, c’est de l’aider le plus possible.
Claudio Fernández-Aráoz, un consultant senior chez Egon Zehnder International (société d’expertise de recrutement de dirigeants et personnel exécutif), approuve:
Vous devez aider les recruteur à faire le bon choix, car la plupart ne prennent pas forcément les meilleurs décisions.
Toujours selon Fernández-Aráoz, qui a fait passer des entretiens à plus de 20 000 candidats pendant ses 26 ans de consultant en recrutement, la plupart des recruteurs ont leur jugement biaisé: ils font l’erreur de se concentrer principalement sur l’expérience professionnelle plutôt que de cerner les compétences du candidat. C’est votre devoir de faire en sorte que cela n’arrive pas. Et voici comment faire.
Préparez-vous, encore et encore
Prenez-vous le temps de vous préparer avant un entretien ? Certaines personnes le font, d’autres y vont “au feeling”. Mais nos deux experts cités plus haut sont affirmatifs: la majorité des gens ne se préparent jamais assez. Fernández-Aráoz dit:
Il y a toujours matière à se préparer. Vous devez essayer d’en savoir le plus possible à propos de l’entreprise, comment est-elle organisée, quelle est sa culture, les tendances de l’industrie ou du secteur dans lequelle elle évolue, et aussi quelques informations à propos de votre recruteur, si c’est possible.
Il conseille également de se renseigner sur les missions et responsabilités propres à l’emploi visé. Ainsi vous montrerez que vous êtes prêt à remplir votre rôle.
Élaborez une stratégie
Avant d’arriver en entretien, choisissez trois ou quatre “messages” que vous voulez faire passer au recruteur. Par exemple, un bon message à faire passer est de “montrer que votre expérience professionnelle est en rapport direct avec ce qui est nécessaire pour réussir dans l’emploi visé”, dit Fernández-Aráoz. Lees conseille:
Les histoires, lorsqu’elles sont bien racontées, peuvent convaincre les gens bien plus que les preuves ou les données. Votre histoire doit être concise et intéressante. Faites en sorte de commencer votre histoire par une phrase d’introduction accrocheuse. Par exemple “Je vais vous dire comment j’ai retourné la situation.”
Apprenez par cœur ces histoires. Maîtrisez les vraiment afin de pouvoir les raconter naturellement, et ne pas hésiter ni ressembler à un robot. Dès que possible, utilisez une de vos histoires pour répondre à une question.
Faites ressortir votre potentiel
“Aucun candidat ne sera jamais parfait, et vous ne ferez pas exception”, dit Fernández-Aráoz. Au lieu de concentrer la discussion sur vos éventuels doutes ou points faibles (ou de laisser le recruteur le faire), concentrez le débat sur votre potentiel. Cela laisse souvent présager le meilleur quand à vos performances une fois embauché. Fernández-Aráoz dit:
Si votre expérience passée n’est pas directement en rapport avec l’emploi visé, mais que vous montrez clairement une forte aptitude à l’apprentissage et à l’adaptation aux nouvelles situations, vous devriez insister sur ce sujet.
Par exemple, si vous postulez à un emploi d’envergure internationale mais n’avez pas d’expérience globale similaire, vous pouvez souligner comment votre capacité à travailler et interagir avec différents corps de métiers (par exemple gérer du technique puis passer à du commercial) démontre que vous pouvez aisément collaborer avec des gens de différentes cultures.
Impressionnez dès les 30 premières secondes
La première impression est souvent la plus importante. Lees souligne une recherche psychologique montrant que les gens se forment une opinion à propos de vous et de votre intelligence dès les 30 premières secondes d’entretien.
Votre manière de parler, la façon dont vous entrez dans la pièce, et si vous êtes à l’aise ou non sont vraiment très importants.
Les gens qui réussissent le plus démarrent leurs entretiens en parlant distinctement mais posément, marchent avec assurance, et savent énoncer clairement les avantages qu’ils vont apporter sans s’embrouiller. Lees suggère de vous entraîner plusieurs fois à pratiquer votre entrée. Vous pouvez même vous filmer et revoir la scène sans le son afin de voir précisément comment vous vous présentez, puis faire vos ajustements si besoin. Ces conseils s’appliquent également aux entretiens téléphoniques. Vous devez utilisez les 30 premières secondes de la conversation pour démontrer que vous êtes sûr de vous, en parlant d’une voix calme et posée.
Ne “soyez pas vous-même”
Lees qualifie le fameux conseil “Soyez naturel, soyez vous-même” d’archi-faux. Il précise:
Il s’agit d’une performance à la fois improvisée et préparée, dans laquelle vous tentez de présenter votre meilleur profil.
Faites ressortir autant d’énergie et d’enthousiasme que vous pouvez à l’entretien. Mais n’en faites pas trop. Comme il y a beaucoup de concurrence, les recruteurs savent que les gens exagèrent leur expérience professionnelle et leurs compétences. Si vous annoncez pouvoir réaliser des choses en particulier, vous devez appuyer vos dires avec des preuves.
Soyez prêt à affronter les questions difficiles
Beaucoup de gens sont ne savent pas trop comment répondre à des questions à propos d’une longue pause entre deux emplois, un emploi récent de très courte durée ou d’autres “points sensibles” de leur CV. Encore une fois, la meilleure approche dans ce cas, c’est de se préparer. Ayez plusieurs réponses pour ce genre de questions difficiles. Lees conseille d’avoir trois lignes de défenses. La première, donnez une réponse rapide et directe, sans rentrer dans les détails. Ensuite, ayez deux réponses additionnelles prêtes à l’usage, comme ça si jamais le recruteur veut en savoir plus, vous aurez de quoi lui répondre. Par exemple, si vous avez arrêté une formation ou un diplôme en cours, répondez “J’ai préféré me lancer directement dans le monde du travail”. Si le recruteur insiste, soyez prêt à rentrer dans les détails, en répondant par exemple “J’y ai réfléchi longuement. Je savais que cela pourrait amener un aspect négatif mais j’étais sûr que j’apprendrai beaucoup plus et plus vite en travaillant”. Lees ajoute:
La clé, c’est de ne jamais se retrouver la bouche bée, bloqué, étant à court de réponses.
Adaptez-vous
Même avec la bonne préparation, vous ne pouvez jamais savoir exactement à l’avance comment sera l’entretien. “Vous devez être vraiment attentif pendant l’entretien. Un bon candidat sait comment ajuster sa prestation et son discours en fonction de la situation.” dit Lees. Demandez-vous ceci: est ce que je dois donner de meilleures réponses ? Dois-je améliorer ma façon de parler ? Est ce que je dois me taire ? Lees ajoute: “Beaucoup de recruteurs aiment s’écouter parler, et vous devriez les laisser faire”. Adaptez-vous à la situation.
Quand l’entretien dérape
Il y a des fois ou l’entretien ne va vraiment comme vous le voudriez. Peut être que le recruteur ne s’implique pas vraiment ou que vous avez bloqué sur des questions importantes. Surtout, résistez à l’envie de ressasser et rejouer ce qui s’est mal passé dans votre esprit. C’est le meilleur moyen de perdre les pédales. La bonne réaction est de se concentrer sur le moment présent.
Concentrez-vous et répondez à la question présente comme si c’était la toute première.
Vous pouvez également rediriger la conversation en étant direct sur votre impression de la situation. Par exemple vous pouvez dire “Je ne suis pas sûr de vous donner les informations que vous recherchez” et voir ce que vous répond le recruteur. Faites juste bien attention de ne pas vous enfoncer encore plus.
Les règles à se rappeler
Ce qu’il faut faire:
- Avant l’entretien, renseignez-vous le plus possible sur le métier que vous visez et les qualifications requises
- Préparez des histoires claires et brèves qui montreront que vous êtes taillé pour ce métier
- Répétez les 30 premières secondes de l’entretien: ce sont les plus importantes
Ce qu’il ne faut PAS faire:
- Paniquer quand l’entretien se passe mal. Concentrez vous sur le moment présent et donnez le meilleur de vous-même sur la question présente et les suivantes
- Essayer de prévoir exactement comment l’entretien va se dérouler. Au lieu de ça, soyez prêts à vous adapter à la situation
- Répondre longuement au questions difficiles: soyez bref. Gardez les détails pour les questions qui suivront
Un exemple concret
Rutger Von Post venait d’être récemment promu et devait faire passer des entretiens à des candidats pour lui succéder dans le rôle d’Associé Marketing. Ce métier requiert de fortes compétences commerciales (communication, persuasion) puisqu’il s’agit principalement de convaincre des dirigeants à venir discuter à propos de contrats.
Lors d’un entretien, un candidat, Thomas, était mal parti. Rutger était pressé de mettre fin à la conversation. “Il ne parvenait pas à me convaincre qu’il avait ce qu’il fallait pour convaincre et influencer des personnes à venir en rendez-vous”, dit-il. Pendant qu’il rangeait ses affaires, Rutger demanda au candidat si il avait des questions. Thomas répondit oui, et demanda: “Avez vous des doutes à propos de ma capacité à remplir ce rôle et être efficace ?“. Rutger dit: “J’ai été très surpris par le caractère très direct de sa question, mais je lui ai répondu que oui, j’avais des doutes.” Il expliqua ensuite à Thomas pourquoi il pensait qu’il ne pourrait pas faire ce métier. Thomas demanda la permission de discuter chaque point soulevé par Rutger. Ce qu’il fit, à la grande surprise et satisfaction de Rutger. “Concrètement, en réfutant mes objections, il s’est très bien “vendu” et a démontré exactement les compétences que je recherchais”, dit Rutger. Rutger fit passer Thomas à l’étape suivante de l’entretien et au final Thomas décrocha le job.
Source: http://lifehacker.com/5947988/how-to-stand-out-in-an-interview